Réflexion sur un match de football

Réflexion sur un match de football

 

Article posted in Ahram Hebdo (8-12-2009)

 

Il est vrai que ce n’était pas une simple partie de football, celle qui s’est déroulée ily a quelques jours entre l’Algérie et l’Egypte. C’était plutôt le match qui allait nousprofiler au-devant de la scène internationale dans un sport qui est, depuislongtemps, le plus populaire de la planète.

J’avoue que je ne suis pas expert dans la technique du jeu, ne sachant toujourspas, malgré des années de suivi sur le petit écran, ce qu’est un hors-jeu. Ceci dit, le match en question suscite un moment de réflexion.

Quelques mois avant le match de barrage entre les deux pays au Soudan il y aquelques jours, précisément le 7 juin 2009, l’Egypte s’était inclinée face à lasélection algérienne en Algérie 3 à 1, ce qui avait entravé ses chances de qualification pour la Coupe du monde 2010. L’Algérie a quasiment dominé leséliminatoires de la Coupe du monde de bout en bout, jusqu’au dernier matchremporté de justesse par les Egyptiens. Un match joué au Stade du Caire en présence de quelque 80 000 supporters, qui s’est soldé en une victoire égyptienne à l’arraché avec deux buts à zéro, le deuxièmemarqué à la dernière minute du temps additionnel. But qui a mis les deux équipes en parfaite égalité de points et donc a forcé le match de barrage. En quoi cela explique-t-il l’euphorie égyptienne qui a suivi le match, comme si la victoire finale dans le match de barrage était acquise d’avance ? Pourquoi la plupartdes médias, toutes tendances confondues, ont-ils offert au préalable la victoire aux Egyptiens malgrél’historique ci-dessus mentionné ? Un manque de logique inexplicable suscitant réflexion et concertation.

Pour ce qui est de la prestation des différentes institutions de l’Etat dans cette affaire, il semble qu’il y ait euun manque de professionnalisme dans la gestion de la situation. Sinon, comment expliquer quel’ambassade d’Egypte au Soudan n’a pas informé le ministère des Affaires étrangères ni de l’ampleur, nide la nature de la présence algérienne au Soudan, ainsi d’ailleurs que l’ambassade d’Egypte en Algériequi n’a rien mentionné du dispositif algérien mis en place pour le match de barrage : pont aérien, avionsaffrétés des forces aériennes algériennes, prise en charge du public, etc.

La Fédération égyptienne de football, quant à elle, se serait abstenue, sous la bannière de la fraternité, de porter plainte en Algérie pour cause de violences commises envers les joueurs égyptiens. Chose que lesAlgériens ne se sont pas privés de faire à l’encontre des Egyptiens qui se seraient — d’après la versionalgérienne — rués sur l’autocar des joueurs algériens en Egypte à coups de pierre, etc. Et hormis sonchoix quelque peu mal placé du Soudan pour lieu d’un match de barrage à risque — les supportersalgériens ayant des antécédents de trouble-fête, rappelons-nous les propos de Rabbah Majer lelendemain du match France-Algérie inachevé en octobre 2001, où il avait dit, je cite : « Je pense que cesont des gens qui étaient préparés pour casser la fête ». Match qui avait fini par dix-sept arrestations, deuxministres (Mmes Buffet et Guigou) touchées au visage par des bouteilles d’eau et un bon nombre de supporters des deux équipes déçus et dégoûtés.

Il reste cet engouement populaire, cette joie intense qui a rassemblé et uni les Egyptiens. Pourrait-elle sereproduire autour d’un projet national qui répondrait aux besoins pressants de ces derniers ? Encorefaudrait-il savoir comment déclencher leur passion en dehors du football.

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