Deadlock Situation

Article published in TeenStuff Magazine in Egypt (March’s issue) 2012 -Where to? -Tahrir square to join the demonstrators. -Don’t you think that it’s time for a pause after the government’s concessions? -What concessions? Do you see any substantial one? -Come on! Businessmen cabinet ministers were ousted from the government; most of them will undergo a…

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L’Egypte se métamorphose

L’Egypte se métamorphose

Article posted in Ahram Hebdo (23-2-2011)

L’histoire nous fait état de nombreux soulèvements, révoltes et manifestations fomentés par une multitude d’acteurs et pour des raisons très variées. Que ce soit en quête de justice, contre des occupants, des tyrans, ou autres, les raisons étant pour la plupart légitimes et honorables, hormis les complots et les conspirations.

On compte parmi les instigateurs de ces révoltes des nationalistes, des tribus, des nobles, des bourgeois, des paysans et même des esclaves, ces derniers ayant réussi comme ce fut le cas de Toussaint Louverture à Haïti.

Les soldats ont eu aussi une part prépondérante dans les soulèvements et les révoltes — qualifiés de nos jours de coups d’Etat ou de putschs.

Depuis des millénaires, l’Egypte figurait parmi les pionniers dans ce domaine ; Hérodote nous parle d’un soulèvement de soldats donnant à Amasis II l’occasion de s’emparer du pouvoir en 570 av. J.-C., avant la conquête perse.

Sauf que l’Egyptien est souvent perçu par certains historiens comme passif et soumis. L’est-il vraiment ?

L’histoire contemporaine de l’Egypte dit autrement. Pour preuve, le soulèvement populaire égyptien contre les Français au début au XIXe siècle ou contre l’occupation britannique en 1919 et en juillet 1952, ou même contre la suppression des subventions en 1977. Il reste qu’il n’y a pas dans l’histoire contemporaine un parallèle avec la révolution égyptienne de 2011.

En ce qui concerne la tranche d’âge des révolutionnaires, leur appartenance sociale et surtout leur lieu de rencontre, il semblerait que la révolution égyptienne soit unique en son genre.

L’ironie du sort est que le mécanisme qui a mis sur le terrain cette révolution organisée virtuellement fait partie des réalisations de l’ère Moubarak, à savoir l’informatique et son monde virtuel qui, depuis le début de ce troisième millénaire, à travers le ministère des Télécommunications, le « smart village » et les satellites privés, ont conquis une grande partie de la jeunesse urbaine égyptienne. Ce n’est pas du petit peuple dont il s’agit, mais plutôt d’une jeunesse éduquée mais désœuvrée et désemparée.

Ce sont eux qui ont fait le premier pas le 25 janvier 2011 qui a libéré les Egyptiens de la peur, laquelle est passée dans le camp du pouvoir.

Assoiffés de liberté, d’amour pour la patrie, de dignité humaine, rejetant le népotisme, la corruption, la censure et le déshonneur (que beaucoup voyaient dans le blocus imposé à la bande de Gaza), ils se sont aussitôt trouvés entourés, acclamés et soutenus par une majorité d’Egyptiens qui se sont vite reconnus dans la légitimité de leurs revendications. Reste à savoir si le Conseil suprême des forces armées, désormais chargé provisoirement de « gérer les affaires du pays », ne se substituera pas dans les mois à venir à la légitimité voulue par le peuple.

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Réflexion sur nos priorités

Réflexion sur nos priorités

Article posted in Ahram Hebdo (22-2-2012) 

Au plus profond de leur désarroi et en dépit d’un manque flagrant de leurs besoins les plus élémentaires, les Egyptiens, même en période de vache maigre, ont toujours été très patriotes. En dépit d’une grande désaffection aux cours des dernières décennies quant à la politique et à un mépris pour ce qui est de la gestion de l’Etat, il reste que la plupart d’entre eux sont restés très patriotes, fiers d’un passé millénaire et confiant que leur futur sera glorieux, ne serait-ce que par le biais de certaines réformes.

Le rêve tant convoité, transformé en réalité en l’année 2011 par un soulèvement populaire en quête de renouveau et qui semble avoir pris de cours la quasi-totalité de la planète, semble depuis quelque peu parti en fumée. Sans rentrer dans les détails, qui sont bien couverts quasi quotidiennement par les médias, permettez-moi de rappeler au lecteur les points suivants : l’histoire de l’Egypte et de sa civilisation est basée sur deux fondements, à savoir le pouvoir central de l’Etat de par ses institutions et la foi de son peuple. L’ancienne civilisation égyptienne, comme nous le rappelle aussi bien le docteur Hussein Moeness dans son livre l’Egypte et sa mission, s’est fondée sur trois piliers : la science, l’art et le travail sans relâche. Ceci dit, cette civilisation avait une âme en sa foi et son éthique et un corps en ses rituels, ses habitudes, ses coutumes, l’accoutrement de son peuple, etc.

Les Egyptiens qui jadis se sont soulevés parmi d’autres contre le troisième Calife de l’islam, à savoirOsmane Ibn Affane pourtant basé à Medine en Arabie, lui imputant des faiblesses dans sa gestion des affaires courantes, ont néanmoins réussi de justesse, avant que ne se répande la zizanie un peu partout dans le royaume, à établir comme successeur celui qui parvint non sans mal à contenir la situation et empêcher l’embrasement total, à savoir Ali Ibn Abi Taleb qui fut donc le quatrième calife de l’islam. Ce sont ces mêmes Egyptiens qui, il y a quelques décennies, en un temps record et avec peu de moyens, ont reformulé l’une des institutions-clées de l’Etat, à savoir l’armée, après sa déconfiture en 1967 pour imposer le succès de 1973, et ce sont toujours eux qui ont comblé l’absence d’une autre institution majeure : la police, après son retrait quasi total le soir du 28 janvier 2011.

Quel que soit le système politique souhaité pour mettre en vigueur les aspirations tant acclamées par le peuple depuis le 25 janvier 2011, il reste qu’il aura besoin d’institutions capables d’assumer la besogne ainsi que d’une éthique — morale — infaillible. C’est d’institutions qu’il faudrait s’intéresser ces jours-ci plutôt que de système politique, de Constitution et d’élections. Comment légiférer, gérer, juger et assumer la protection civile, éduquer, combler les besoins de première nécessité du peuple, soigner, etc. quand les institutions qui sont chargées de répondre à tout ceci tombent en loque depuis des décennies ?

La déconfiture de l’Etat de par ses institutions est de loin plus importante que la gestion de sa politique. Que l’on soit en quête d’autocratie, de démocratie, de théocratie ou autres, rien de tout cela ne pourra se maintenir en place sans institutions. Il suffit de prendre en exemple l’Iraq dont les élections démocratiques étaient qualifiées d’équitables, ou le Pakistan qui se vante d’avoir enfin trouvé refuge en la démocratie, ou même le Mexique qui, malgré sa démocratie, n’arrive toujours pas à instaurer l’Etat de droit sur tout son territoire pour saisir l’ampleur du problème qui se pose.

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L’Egypte en transition

L’Egypte en transition

Article posted in Ahram Hebdo (13- 7-2011)

En cette période de transition, les différentes composantes socioéconomiques de la société sont en pleine ébullition. D’un côté pour la tranche plus ou moins favorisée de la société, il y a le débat entre ceux qui aspirent à un futur Etat civil sous la tutelle de l’islam et ceux qui veulent un Etat civil et/ou laïc sans aucune consonance religieuse. Le récent document — non contraignant — de l’Université d’Al-Azhar mettant en évidence certains dossiers épineux, dont en l’occurrence la relation entre la religion et l’Etat, la non discrimination en raison de la race, de la religion et du sexe, etc. semble avoir départagé les deux camps tout en réinsérant Al-Azhar sur le devant de la scène politique, bien que cela ne fasse aucunement part de ses prérogatives. Encore faudrait-il trouver un moyen pour mettre en pratique ce document, du moins en partie pour qu’il ne reste pas lettre morte.

Quant au débat autour de la Constitution, sur le fait de savoir si elle doit précéder ou non les prochaines élections législatives et présidentielles, il me semble qu’instaurer certaines garanties incontournables à son égard au-delà de toute ingérence pourrait dissiper les tensions. Le récent document de l’Alliance démocratique pour l’Egypte, récemment paraphrasé par 18 partis politiques y compris celui des Frères Musulmans, stipulant une série de principes-phare de la future Constitution, semble être un pas dans la bonne direction. Le 64e message provenant du Conseil suprême des forces armées s’engageant à réaliser les espoirs et les aspirations du peuple d’accéder à un Etat civil reposant sur des principes démocratiques, de justice sociale et de liberté en est un autre. Cela dit, il existe des facteurs inquiétants qui affectent les Egyptiens dont, en priorité, le manque de sécurité. Comment peut-on reformer la police, comme le fait l’actuel ministre de l’Intérieur, tout en laissant en fonction tous les officiers en prise avec la justice pour avoir tiré sur les manifestants ? Cela est invraisemblable pour beaucoup. Il faut dire que l’abondance d’armes à feu provenant en grande partie des postes de police saccagés pendant la révolution et vendues sur le marché noir ne fait qu’accentuer le sentiment du manque de sécurité.

Il y a aussi le clivage confessionnel entre musulmans et chrétiens qui, quant à lui, pourrait prendre du recul si la loi de l’unification des lieux de culte soit ouverte au débat avant d’être prochainement promulguée. Il reste que tout débordement entre les fidèles de deux religions se doit d’être réglé uniquement à travers les articles du Code pénal. Une formule inappliquée depuis les incidents d’Al-Khanka en 1972.

Un autre sujet de préoccupation est la dissolution des conseils municipaux, organes jugés corrompus par les vedettes de l’ancien PND, lui aussi dissous par un jugement du Tribunal administratif. Outre le fait que ses employés peuvent logiquement se fondre aux contre-révolutionnaires, il sera difficile de les reconstituer sans la tutelle d’un parti politique admettant que le gouvernement de transition tente cela avant les prochaines élections.

Enfin, vient la perspective socioéconomique, qui reste à mon avis le facteur le plus inquiétant de tous, car elle concerne la tranche la plus défavorisée de la société. Le mois du Ramadan qui s’annonce sera son ultime outil de mesure. D’après un sondage d’opinion parrainé par l’Institut républicain international, durant la seconde moitié d’avril 2011, 49 % des Egyptiens perçoivent la situation économique comme très mauvaise, 41 % ont du mal à nourrir leurs familles, 63 % des Egyptiens voient le chômage comme le plus gros problème auquel est confronté l’Egypte, 51 % ont déclaré que la sécurité est bien pire qu’avant la révolution, 26 % pensent que leur niveau de vie a empiré, et seulement 6 % ont dit que la démocratie était le plus gros problème en Egypte. Si on croit les statistiques dont celles ci-dessus mentionnées, les gains de la révolution ne se concrétiseront que par le biais de l’amélioration du niveau de vie de l’ensemble de la population. Tendance pour le moment incertaine, car non mise en évidence dans le prochain budget de l’Etat, ne serait-ce que par le non-respect de deux jugements du Tribunal administratif en 2010, fixant le salaire minimum à 1 200 L.E.

La dignité des Egyptiens ayant été provisoirement acquise avec la dissolution de l’ancien appareil de la Sûreté d’Etat tout en le substituant par un autre au service des citoyens et non à leur détriment, il reste que réduire les prérogatives du prochain président — par la prochaine Constitution — pourrait tout aussi bien combler l’ensemble des Egyptiens en cette période de reconstruction.

 

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Sur le chemin du renouveau

Sur le chemin du renouveau

 

Article posted in Ahram Hebdo (1-6-2011) 

Coincée entre ses aspirations à la dignité, la liberté et à l’égalité sociale avec un copieux héritage de corruption, autoritarisme et tyrannie, la révolution égyptienne — soulèvement populaire pour beaucoup — ressemble désormais à un bateau en plein océan et sans gouvernail. Ce « printemps arabe » en sa version égyptienne semble de plus en plus nous rappeler ce que disait Louis Greiss : que les Egyptiens étaient, au cours de leur histoire, portés à faire les choses à moitié, que ce soit au niveau des révolutions et/ou des guerres. Les enjeux intérieurs étant de taille et forçant les débats, contestations, altercations et autres, la politique extérieure, quant à elle, vu le nombre restreint de ses dossiers chauds, se devait de donner à cette nouvelle Egypte un renouveau tant convoité. En dehors de ce qui semble être un succès acquis par la diplomatie égyptienne de l’après-révolution, à savoir l’entente fomentée entre les différentes composantes du clivage politique palestinien sans pour autant minimiser le contexte politique régional qui y a contribué largement, ainsi que la nouvelle gestion du premier ministre des différends entre les pays en amont et en aval de la Vallée du Nil dont les résultats sont encore prématurés, il reste que le dossier du bateau humanitaire Rachel Corrie semble être le dossier phare de cette nouvelle ère. Peu médiatisé, donc loin d’une pression sur ses interlocuteurs, l’affaire semble avoir été jusque-là négociée quelque peu différemment par rapport à la manière Moubarak.

Le bateau humanitaire qui avait quitté le port grec du Pirée, le mercredi 11 mai, parrainé par la fondationPerdana Global Peace, dont le président est l’ancien premier ministre de Malaisie Mahathir Mohamad, transportait 7,5 km de conduites d’égout en UPVC pour aider à restaurer le système d’égouts dévasté à Gaza. D’après le rapport envoyé au site « Global Research », il aurait été intercepté par deux navires : l’un israélien, qui l’aurait intimidé à coups de semonce pour l’obliger à rebrousser chemin tout en menaçant de l’aborder. Et l’autre égyptien qui aurait pris les affaires en main en disant aux Israéliens, et je cite : « Arrêtez de tirer. Ils sont dans les eaux égyptiennes ». Les Israéliens partis, le Rachel Corrie, soutenu par la marine égyptienne, se fit escorter dans ses eaux territoriales pour ensuite jeter l’ancre au large du port égyptien d’Al-Arich, à courte distance de Gaza.

Jusque-là, l’honneur semble rétabli après des années de politique impopulaire à l’encontre des Palestiniens. Reste à savoir pourquoi laisser ces activistes attendre des jours en mer avant de leur permettre — très bientôt semble-t-il d’après un feu vert octroyé par le ministre égyptien des Affaires étrangères à son homologue malaysien — d’accoster au Port d’Al-Arich. Espérons que cela ne soit que pour des raisons logistiques et que Gaza recevra sa cargaison très bientôt.

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Rien ne change

Rien ne change

 

Article posted in Ahram Hebdo ( 23-11-2011)

Tous les revers que subit la révolution égyptienne depuis quelques mois sont imputables à un seul différend : celui qui oppose le Conseil Suprême des Forces Armées (CSFA) — qui souhaite préserver le statu quo d’avant la révolution — au courant révolutionnaire qui aspire au changement. Seules quelques avancées ont été accomplies après la chute de Moubarak grâce à la pression de la rue. Le départ d’Ahmad Chafiq, l’incarcération de l’ancien président et de ses deux fils et la mise en examen de certaines figures de l’ancien régime sont des points positifs.

Mais le plus dur reste à faire : démanteler l’ancien régime pour en construire un autre sur de nouvelles bases. Plus la période transitoire s’allonge, plus un désenchantent de la révolution se fait sentir. Ce sentiment va même, faute de sécurité et de retombées économiques, jusqu’à une perceptioL’imbroglio PlaceTahrirL’imbroglio Place Tahrirn négative de la révolution.

Les revers qu’a subis la révolution depuis ses débuts sont de taille. Le manque de sécurité en fait partie. Il est notamment dû au fait que bon nombre d’officiers de police de l’ancien régime — dont certains ont du sang sur les mains — sont toujours en fonction. Ainsi d’ailleurs qu’une bonne partie de ceux qui faisaient partie de l’appareil de la Sûreté d’Etat qui a commis maintes atrocités pendant des décennies. La réforme de la police, annoncée par l’actuel ministre, semble se heurter à l’influence des anciens lieutenants de l’ère Moubarak.

Le CSFA, au lieu d’encourager la réforme, a décidé de laisser traîner le dossier, se contentant de prêter main forte aux forces policières par le biais de sa police militaire. La gestion superficielle de dossiers importants est toujours de mise. Cette gestion s’applique aussi à la cohésion sociale, au volet économique et juridique, au tourisme …

Il a fallu, en plus de cela, que le CSFA, malgré sa neutralité affichée, favorise les tendances religieuses sur plusieurs points. Peut-être en raison du fait que les islamistes ont fait savoir à l’armée qu’ils ne lui demanderaient pas de compte à rendre s’ils arrivaient au pouvoir. Ce qui n’est pas le cas des tendances libérales, socialistes et nationalistes, dont l’armée redoute qu’elles exigent des explications sur la manière dont l’armée gère le pays.

Pour ce qui est des élections qui se profilent dans un climat peu sécuritaire et complaisant à l’égard des méthodes appliquées islamistes, il va de soi que les nouveaux partis issus de la révolution et tout juste politisés auront peu de chance d’accomplir quoi que ce soit.

Contrairement aux Frères musulmans qui, eux, sont des gourous de la politique ; ainsi, d’ailleurs, que les autres tendances islamistes bénéficiant des fonds nécessaires pour monter leur campagne. Sans oublier les anciens membres du parti politique que présidait Moubarak qui devraient, à leur tour, se présenter. L’Egypte est en train de recréer les mêmes clivages politiques de l’avant-25 janvier 2011, avec de nouveaux interlocuteurs. Le CSFA en est-il conscient ? l

 

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Regard sur le passé

Regard sur le passé

 

Article posted in Ahram Hebdo (11-10-2011)

Sans vouloir aller trop loin dans notre passé millénaire, quoiqu’il soit sans équivoque à nous dire que les Egyptiens depuis la nuit des temps n’ont jamais été serviles acceptant indignité et humiliation, ayant fomenté leur première révolution vers la fin de la sixième dynastie pharaonique, il semble bon en cette période de transition que traverse l’Egypte de rappeler le suivant.

Les révolutions égyptiennes n’ont pratiquement jamais accompli les objectifs auxquels elles aspiraient. Par contre, toutes ont revigoré la vitalité de l’Egypte. Au cours des XVIIIe et XIXe siècles, la barre de direction révolutionnaire était entre les mains des étudiants et professeurs d’Al-Azhar. Il semble, comme il l’est de nos jours, que depuis des siècles les Egyptiens aient cherché refuge auprès d’Al-Azhar pour faire face aux risques et périls qu’ils affrontaient. Face à l’obscurantisme intellectuel et à l’omniprésence turque dans le pays, une nouvelle classe d’intellectuels — pour la plupart azharis — se mit à fonder la conscience collective des Egyptiens par le biais d’une renaissance complète des sciences, arts, culture, etc. Le projet de modernisation de l’Egypte orchestré par Mohamad Ali y aurait été pour quelque chose.

L’entrée sur scène des militaires dans les révolutions modernes égyptiennes se fit par le biais de la révolution d’Ahmad Orabi en 1881. Il est bon de rappeler qu’une simple bagarre entre un Maltais — sujet britannique — et un Alexandrin, tournée en bain de sang, fut le prétexte pour la conquête de l’Egypte. Au moment des événements, les militaires et les parlementaires de l’époque étaient en froid ; Orabi, quant à lui, semble avoir mal géré le clivage politique, croyant que les Français allaient contrecarrer l’entrée des Britanniques en Egypte. De plus, il fut trahi à la bataille de Tal Al-Kabir, sans oublier le fait que le khédive et son entourage n’allaient pas lui prêter main forte pour qu’il réussisse.

La révolution de 1919 avait deux revendications majeures : l’indépendance et la nouvelle Constitution. Ceci dit, elle ne prit pas compte des revendications sociales du peuple, se contentant de son volet politique ; de plus, il semble qu’elle se soit distancée des défis de la région, telles les répercutions de la déclaration Balfour, etc. Par contre, elle mit fin au pouvoir absolu des Britanniques et instaura un pouvoir représentatif constitutionnel.

Quant au putsch de 1952 tourné en révolution, son premier objectif était de mettre fin au colonialisme suivi du démantèlement du système politico-économique de l’avant 1952, mais il fallait aussi construire quelque chose de nouveau et cela fut mis en évidence par les trois autres principes de la révolution, à savoir établir la justice sociale et mettre en place une armée puissante ainsi qu’un climat démocratique sain. Ces revendications furent en partie mises en œuvre à l’exception de la dernière.

Entre 1953 et 1962, il y eut une déclaration constitutionnelle provisoire, une nouvelle Constitution, une charte qui fut d’ailleurs renouvelée. Tout ceci en marge du parti unique, dont le plus connu fut l’Union socialiste. En 1964 fut intronisée une Constitution provisoire, dans laquelle il fut mentionné que l’Egypte était un pays démocratique socialiste ! La guerre des six jours aura quelque peu démasqué les inaptitudes du pouvoir, voire même les bastions de l’Etat, avec l’armée qui vit quelques-uns de ses hauts gradés traduits en justice, sans plus.

Il reste que malgré la nouvelle bourgeoisie créée après 1952, non par ses avoirs comme jadis mais plutôt par ses abus de pouvoir, Nasser est resté jusqu’à l’après 1967 à mettre le peuple en garde contre les contre-révolutionnaires de l’avant 1952 ! Les slogans socialistes de jadis mis en servitude par la clique des officiers au pouvoir semblent de nos jours prendre la teneur du sacré par une clique qui, pendant des décennies, n’a fait que fleurter avec le pouvoir et qui, pour autant, pense une fois de plus pour bientôt s’en accaparer. Dorloté par Nasser et compagnie pour propulser leur popularité au tout début de la révolution de 1952 par des gestes palpables, en l’occurrence le choix du juge Soliman Hafez comme outil de la législation révolutionnaire — faut-il rappeler que Sobhi Saleh, qui fait partie de la branche ultraconservatrice des Frères musulmans, fut ajouté au comité œuvrant à la modification de certains articles de la Constitution après la remise du pouvoir aux militaires par Moubarak —, les Frères musulmans se mirent rapidement les officiers sur le dos, ces derniers ayant pressenti que leur pouvoir leur filait entre les mains vers leur plus proche allié.

Près de 60 ans après les événements ci-dessus mentionnés, le Conseil suprême des formes armées semble avoir, une fois de plus, à ses risques et ses périls, tendu la main aux Frères musulmans, est-ce par faute d’en trouver d’autres — interlocuteurs — sur le terrain ? Ou est-ce qu’il a simplement la mémoirecourte ?

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Réflexion sur un match de football

Réflexion sur un match de football

 

Article posted in Ahram Hebdo (8-12-2009)

 

Il est vrai que ce n’était pas une simple partie de football, celle qui s’est déroulée ily a quelques jours entre l’Algérie et l’Egypte. C’était plutôt le match qui allait nousprofiler au-devant de la scène internationale dans un sport qui est, depuislongtemps, le plus populaire de la planète.

J’avoue que je ne suis pas expert dans la technique du jeu, ne sachant toujourspas, malgré des années de suivi sur le petit écran, ce qu’est un hors-jeu. Ceci dit, le match en question suscite un moment de réflexion.

Quelques mois avant le match de barrage entre les deux pays au Soudan il y aquelques jours, précisément le 7 juin 2009, l’Egypte s’était inclinée face à lasélection algérienne en Algérie 3 à 1, ce qui avait entravé ses chances de qualification pour la Coupe du monde 2010. L’Algérie a quasiment dominé leséliminatoires de la Coupe du monde de bout en bout, jusqu’au dernier matchremporté de justesse par les Egyptiens. Un match joué au Stade du Caire en présence de quelque 80 000 supporters, qui s’est soldé en une victoire égyptienne à l’arraché avec deux buts à zéro, le deuxièmemarqué à la dernière minute du temps additionnel. But qui a mis les deux équipes en parfaite égalité de points et donc a forcé le match de barrage. En quoi cela explique-t-il l’euphorie égyptienne qui a suivi le match, comme si la victoire finale dans le match de barrage était acquise d’avance ? Pourquoi la plupartdes médias, toutes tendances confondues, ont-ils offert au préalable la victoire aux Egyptiens malgrél’historique ci-dessus mentionné ? Un manque de logique inexplicable suscitant réflexion et concertation.

Pour ce qui est de la prestation des différentes institutions de l’Etat dans cette affaire, il semble qu’il y ait euun manque de professionnalisme dans la gestion de la situation. Sinon, comment expliquer quel’ambassade d’Egypte au Soudan n’a pas informé le ministère des Affaires étrangères ni de l’ampleur, nide la nature de la présence algérienne au Soudan, ainsi d’ailleurs que l’ambassade d’Egypte en Algériequi n’a rien mentionné du dispositif algérien mis en place pour le match de barrage : pont aérien, avionsaffrétés des forces aériennes algériennes, prise en charge du public, etc.

La Fédération égyptienne de football, quant à elle, se serait abstenue, sous la bannière de la fraternité, de porter plainte en Algérie pour cause de violences commises envers les joueurs égyptiens. Chose que lesAlgériens ne se sont pas privés de faire à l’encontre des Egyptiens qui se seraient — d’après la versionalgérienne — rués sur l’autocar des joueurs algériens en Egypte à coups de pierre, etc. Et hormis sonchoix quelque peu mal placé du Soudan pour lieu d’un match de barrage à risque — les supportersalgériens ayant des antécédents de trouble-fête, rappelons-nous les propos de Rabbah Majer lelendemain du match France-Algérie inachevé en octobre 2001, où il avait dit, je cite : « Je pense que cesont des gens qui étaient préparés pour casser la fête ». Match qui avait fini par dix-sept arrestations, deuxministres (Mmes Buffet et Guigou) touchées au visage par des bouteilles d’eau et un bon nombre de supporters des deux équipes déçus et dégoûtés.

Il reste cet engouement populaire, cette joie intense qui a rassemblé et uni les Egyptiens. Pourrait-elle sereproduire autour d’un projet national qui répondrait aux besoins pressants de ces derniers ? Encorefaudrait-il savoir comment déclencher leur passion en dehors du football.

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